Le maqué du busc

Le maqué du busc a une tête de bouse de vache mais plus blanchâtre et plus grumelée. Sa grande face plate et de chair molle est très changeante parce qu’aucune ossature ne lui garantit une physionomie de base. C’est une crispation de l’épiderme qui empêche les chairs de se tasser au bout du cou en un amas flageolant. Chez le maqué du busc, l’utilisation de l’un ou plusieurs de ses sens rigidifie la partie de la face concernée. Ainsi, quand il est aux aguets dans l’obscurité, la zone médiane de son visage se durcit dans la région du nez. Son visage ressemble alors à un disque vinyle ceinturé de volants de peau très souples et flottants. Si, lors de cette attente, un bruit incongru atteint son dispositif auditif, les zones latérales se durcissent à leur tour, la face se transformant en un approximatif panneau routier de route barrée, les parties supérieures et inférieures toujours aussi molles et incontrôlables.

Quand le maqué du busc mange, seule la partie inférieure du visage se solidifie, et les autres chairs retombent. Cela lui pose un problème non négligeable lors de l’ingestion de nourriture. En effet, l’animal étant vorace, il se jette sur la nourriture sans retenue, mais il arrive fréquemment qu’il attrape, en même temps que son repas, des bouts de sa chair pendant devant sa bouche. Il est presque certain que ces morsures répétées soient la cause de la texture grumelée de son épiderme, probables blessures mal cicatrisées. Au-delà du problème pratique et esthétique posé par cette incongruité naturelle, cette disposition faciale particulière fait souffrir le maqué du busc affreusement. Il est en effet très sensible, un rien délicat pour un animal sauvage, et ses dents sont particulièrement puissantes. On imagine avec effroi la séance de torture qu’est pour lui chaque repas. Le maqué du busc exprime d’ailleurs cette souffrance par un cri glaçant, sorte de mixage du hurlement qui accompagne le hara-kiri d’un lâche (puissance et frayeur abjecte) et du chuintement d’une chasse d’eau qui se vide.

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