Parce que l’oiseau – Fabienne Raphoz

Ouvrir la fenêtre et dire, voyez, un monde existe.


Dans les guides de terrain, chacun traduit de l’oiseau vers l’homme comme il peut, selon une norme phonétique plus ou moins respectée. Infinie romancière de ses verbes déclaratifs, la pie-grièche kschè-kschè-kschè ou tché-tché, tchu-èc tchu-éc, quand elle ne grèè grèï, vètt-vètt, hak-chak-chak pas, voire, prend l’accent de sa Majesté quand elle krew (prononcer crou mouillé, la bouche un peu pincée) ou qu’elle chak-chee-chaar.


Le journal fausse le passé, au moment de sa lecture, il force le souvenir. C’est un paradoxe temporel : écrit dans l’instant pour ne pas perdre l’instant, il laisse se perdre tous les instants qu’ils n’a pas consignés. Parfois, le journal fonctionne, à la manière du carnet, comme un déictique, un propulseur, la note lacunaire ouvre un champ que le poème, même condensé, saura, ou ne saura pas, exprimer, mais s’il est trop rédigé, le fragment se suffit à soi-même.


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