
Méroux va prendre la parole. Il consulte un livre. Il racontera la légende. Je me retiens de dire merde aux légendes. Trop simple. “Légendes ni figures ne me désaltèrent”, c’est devenu classique. Plutôt, il faudrait chercher à renouer, pas avec des traditions foutues, mais avec les creux d’alentour, avec certain ciel d’avenir plus mystérieux que celui d’autrefois, puisque vraiment on n’a pas appris grand-chose sur notre destin. En fin de compte, la légende, c’est vide comme cette forêt d’où une bête peut sortir, soit environnée d’or, soit malfaisante.
Personne n’a encore compris les arbres, ni les rochers, ni la montagne. Donc il faut faire des contes et des contes pour essayer de traduire et de comprendre un jour.
Enfin, il n’y a plus guère que les chats sauvages et des vipères pour garder par chez nous un peu de la méchanceté primitive, d’ailleurs plus subtile que la nôtre.
Ce qui fait l’Ardenne, c’est le mélange de rocs, de quartzites, de schistes, la boue des fagnes, et les eaux immenses qui tournent autour de sites guerriers, de ruines relevées sous les pires et les meilleurs ciels.