Pour Anna Akhmatova
Si c’est seulement pour une valse, souliers légers sur parquet vernis,
Quel prestige?
C’est un pied nu qu’il faut avoir enfoncé jusqu’à l’insoutenable,
Pour gagner à dire.
Et toi, que célébraient tous les auspices,
Qui traversas finalement le sang d’un siècle,
Tu as légué in extremis ce désordre de vers.
On les accepte.
Car on hérite, dans tes pas, du poids d’une malédiction, reconnue, implorée, vécue jusqu’à la lie.
Mais jamais tu n’as livré le secret, tu as cousu ta bouche, le souvenir t’a torturée ; tu es restée évasive.
Ainsi tu as gagné ta délivrance.
Qui comprend cela?
Si ce n’est le saule…
Au pied duquel l’humus fauve…
©Catherine Pierloz 10 novembre 2020