Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout – Radovan Ivsic

Quelle boussole secrète détermine le parcours?
 
"Quelles sont les véritables dimensions de Lautréamont?"

Je ne sais pas encore que ce sont les derniers mots qu'André Breton va prononcer.
 
Car je n'en ai pas fini avec le hasard dans lequel je ne suis pas loin de reconnaître, après Maeterlinck, cette "méditation inachevée" nous conduisant aux "faubourgs de notre identité" pour nous entraîner là où celle-ci se discerne plus justement à la rencontre des autres. A la fin de l'été 1980, Toyen tombe gravement malade et je l'accompagne à l'hôpital Laennec. A peine ai-je commencé à parler avec le médecin chargé de la soigner, que celui-ci dit me reconnaître et se présente comme l'interne qui, quatorze ans plus tôt, avait accueilli André Breton aux urgences de l'hôpital Lariboisière. J'en ressens alors une peur qui se double d'une inquiétante joie. Ce qui ne change rien au fait que Toyen n'a plus que quelques jours à vivre, et pourtant, le temps d'un éclair, l'inacceptable s'éclaire d'une lumière toute autre.

Je prends soudain la mesure de ce qu'elle illumine. S'en trouvent reliées les deux sources d'ombre que j'ai partagées avec Toyen, la forêt d’Europe centrale s'approfondissant dans ces nuits de septembre 1966 autour d'André Breton. Je les ai vues se rejoindre sous les couleurs du temps, pour laisser apparaître, tel un éclairant envers du hasard, ce que Novalis avait remarqué il y a déjà deux siècles : "Les hommes marchent par des chemins divers; qui les suit et les compare verra naître d'étranges figures."
 

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par Anders Noren.

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