
Montures courant dans leur écorce
un sang vert aux commissures des lèvres
montures végétales pour nuages fatigués
battus tel tapis de pauvre à sa fenêtre
jetés à terre plus bas que brouillard
et qu’herbe sourde au tympan éclaté
montures quand même dans la sombre écurie de la forêt
olivier au pied bot
chêne mâle aux épaules cagneuses
platane chiffonnier aux mains fourchues
chevaux
D’où viennent les mots?
de quel frottement de sons sont-ils nés
à quel silex allumaient-ils leur mèche
quels vents les ont convoyés jusqu’à nos bouches
Leur passé est bruissement de silences retenus
barrissement de matières en fusion
grognement d’eaux mauvaises
Parfois
Ils s’étrécissent en cris
se dilatent en lamentations
deviennent huée sur les vitres des maisons mortes
se cristallisent pépites de chagrin sur les lèvres mortes
se fixent sur une étoile déchue
creusent leur trou dans le rien
aspirent les âmes égarées
Les mots sont des larmes pierreuses
les clés des portes initiales
ils maugréaient dans les cavernes
prêtaient leur vacarme aux tempêtes
leur silence au pain enfourné vivant