Les mots étaient des loups – Vénus Khoury-Ghata

Montures courant dans leur écorce

un sang vert aux commissures des lèvres

montures végétales pour nuages fatigués

battus tel tapis de pauvre à sa fenêtre

jetés à terre plus bas que brouillard

et qu’herbe sourde au tympan éclaté

montures quand même dans la sombre écurie de la forêt

olivier au pied bot

chêne mâle aux épaules cagneuses

platane chiffonnier aux mains fourchues

chevaux


D’où viennent les mots?

de quel frottement de sons sont-ils nés

à quel silex allumaient-ils leur mèche

quels vents les ont convoyés jusqu’à nos bouches

Leur passé est bruissement de silences retenus

barrissement de matières en fusion

grognement d’eaux mauvaises

Parfois

Ils s’étrécissent en cris

se dilatent en lamentations

deviennent huée sur les vitres des maisons mortes

se cristallisent pépites de chagrin sur les lèvres mortes

se fixent sur une étoile déchue

creusent leur trou dans le rien

aspirent les âmes égarées

Les mots sont des larmes pierreuses

les clés des portes initiales

ils maugréaient dans les cavernes

prêtaient leur vacarme aux tempêtes

leur silence au pain enfourné vivant


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