
NELLY – J’étais le nœud que mon écriture devait servir à dénouer, mais qu’elle n’a fait que resserrer. En écrivant, je ne me suis libérée de rien du tout. En écrivant, je me suis mis la corde au cou.
SOPHIE – J’essorais ma cervelle à toujours écrire sans jamais arriver avec aucun mot à dire ce que j’avais à dire.
NELLY – Les mots peuvent vous être fatals quand leur impuissance à nommer votre mal vous fait courir vers un point final.
SOPHIE – J’écrivais dans l’ivresse du sommeil pénétrant de la came, j’écrivais en dormant, entre l’être et le néant, comme la Belle au Bois du conte pour enfants.
SOPHIE – Je voulais reculer les limites comme ces cueilleurs d’huitres perlières de Polynésie entraînés à rester des heures dans les profondeurs au péril de leur vie.
NELLY – J’aurais aimé que le sol s’ouvre sous mes pieds pour y dévaler vers des profondeurs inégalées où n’aurait survécu de moi que le cœur, un cœur de princesse libéré filant vers un ciel ignoré des hommes où palpiter sur lui-même, pour lui-même et pour l’éternité.
NELLY – Ne pouvoir jamais être autre que soi-même, c’est ça notre destin.