
Voilà le conte et ses tessons de cristal
Dépeçant les fauves au couchant
Pronoms personnels
Grooms lascifs
Pris dans les portes-tambours du vent
Vous avez tout perdu
Votre trousseau d’identités
Vos innombrables tétons de disponibilité dorée
Et surtout votre carte du tendre qui tient dans un mouchoir
Un mouchoir brodé de fils de fer barbelés
Que vos livrées creuses altèrent les grandes artères du langage
J’ai trop peu de temps pour m’en soucier
La pomme du silence est peut-être tombée sur la tête du bruit
Mais le sang ne redescendra pas dans les pattes géométriques des cigognes de la chance
Ceci pour les carreleurs de destin
Attentifs à l’équerre de leurs coudées franches
Je ne connais que la lande obscure
Où j’ai ricoché au milieu de l’été 1942
Érigée dans le bégaiement de la brume génitale
C’est toujours la même langue de solitude mauve
Brise-lames de l’absence
C’est toujours la même avancée de chair transie
Avec ses fraises de granit
Et ses meurtrières d’océan
Balançoire de certitudes haletantes
Entre le miroir sans tain de Port-Royal
Et les reflets convulsés de Cluny
Silence danse houle
Cris masque reflux
Une femme prend feu
Entre l’étincelle des ajoncs et celle des genêts
Pas besoin de couverture
Elle a déjà plongé ses veines
Dans la laitance des pôles
Très loin de la blessure incertaine du rivage
Table ronde sous-marine
Ondulant ses fastes
Sous les balises rouies
Des caresses cul-de-jatte
Ô sœur allusive
Née des boucles de l’orage
Et de la fureur du conte.