Je voudrais avoir l’ignorance de l’aube
Qui de là-haut a vu
Cette vieille reine mesurer une ville
Avec l’épingle d’une broche,
Ou ces vieillards flétris regarder
De leur pédante Babylone
La course insouciante des planètes,
Le déclin des étoiles et l’éveil de la lune,
Et saisir leurs tablettes pour y faire des calculs;
Je voudrais avoir l’ignorance de l’aube,
Et comme elle tout simplement,
Balancer sur le épaules embrumées des chevaux
Les paillettes de son char;
Je voudrais (car tout savoir ne vaut pas un liard)
Avoir la folle ignorance de l’aube.
L’aube – 20 Juin 1914-Février 1916