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Couchés en étoile dans la combustion lente des jours – Sophie Jeukens

j’avais les nuits boulimiques

accrochées aux chevilles

des illusions plein les cheveux

 

toi t’avais l’ailleurs pendu au cou

comme une corde

 

la liberté à tour de bras

tendue

entre l’âme et l’écorce

 

nous étions

des modèles d’évasion

exercices de style

dans la théorie de l’attraction des corps


je ne t’ai jamais dit

fuck you

à voix haute

 

c’est dommage

quand on y pense


on choisit pas

les enfarjures de la mémoire

le poids de l’absence

sur la tempe

 

les jours distillés

goutte à goutte

au goulot des secondes

 

la cendre

qu’on mange à la pelletée

pour oublier ce qui brûle


on se fera une maison

en amanchures d’épaves

en morceaux d’éraflures

 

tu tambourineras sur les murs

érigés fragiles

à la surface des jours

 

petit être furtif

et sauvage

 

ton rire est un oiseau-mouche

un imperceptible battement

dans la mécanique de la peur