Le langage des contes – Elzbieta

De même que nos rêves, les contes ne mentent pas. L’usage consolateur intime, le travail caché de la pensée, que le conte – et sa répétition – suscite, demeurent dans le non-dicible, mais les enfants sentent intuitivement que ces récits-modèles abordent discrètement des questions qui méritent examen. Aussi acceptent-ils sans difficulté, avec le sentiment de sécurité qu’offre le secret, de passer outre les invraisemblances de ce langage particulier ; ils savent qu’elles ne nuisent en rien au fond des sujets traités, bien au contraire. Chercher la crédibilité narrative serait ici non seulement du bruit inutile et hors de propos, mais nuirait à l’efficacité des moyens mis en œuvre. Les hiatus du récit, le manque total du sens des proportions temporelles, loin de se manifester comme des manques, nous rassurent. Ils nous avertissent que nous sommes ailleurs que dans la logique de nos sentiers de tous les jours. Ici nous sommes dans une logique expérimentale, dans une contrée allogène dont nous admettons les abrégés et dont nous découvrons les surprenantes cohérences sans toutefois nous sentir personnellement menacés. En effet, pour être admissible dans le registre du conte, une histoire doit se passer entièrement dans l’Impossible, l’Inaccessible, l’Infaisable humain.

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