Liseuse

  • Le chemin des crêtes. Avec Robert Louis Stevenson à travers les Cévennes – Kenneth White

    Le livre est à la fois une récapitulation et un testament, une épreuve et une expérimentation. Sous des apparences légères, c’est un texte compliqué, le terrain y est tout en plis. Stevenson essaie d’aller jusqu’au bout de lui-même, à la fois en empruntant, de nouveau, des chemins connus et reconnus, et en tentant de se…

    Le chemin des crêtes. Avec Robert Louis Stevenson à travers les Cévennes – Kenneth White
  • Ce qui n’a pas de prix – Annie Le Brun

    De ses imprévisibles mouvances ni l’histoire de l’art ni l’histoire des idées ne cherchent à rendre compte, normalement plus occupées par les œuvres que par l’irréalité qui les fomente et les fait trouver forme pour réinventer l’horizon. Pourtant, c’est elle qui se fait ligne de foudre de la Ballade des pendus de Villon aux Caprices…

  • Le Crépuscule celtique – William Butler Yeats

    C’était un grand conteur d’histoires et, contrairement à nos romanciers ordinaires, il savait comment vider les Cieux, l’Enfer et le purgatoire, la terre et le pays  des Fées, pour peupler ses histoires. Il ne vivait pas dans un monde étroit, mais n’en connaissait pas moins autant de détails qu’Homère lui-même. Peut-être que, grâce à des…

  • Une enfance américaine – Annie Dillard

    Que dire de la joie inexprimable des enfants? C’est, je pense, une sorte de gratitude – la gratitude de la fillette de dix ans qui se rend compte de sa propre énergie  et du défi roboratif que représente le monde. L’enfant croit bien connaître le monde où elle vit et ses coutumes, puis elle s’aperçoit…

  • Le vent dans les saules – Kenneth Grahame

    – C’est ici le berceau de la chanson de mon rêve, c’est de ce lieu que la musique a lancé son invite, murmura Mr Rat comme en extase. Nous ne le trouverons nulle part ailleurs que dans ce lieu saint. Une grande frayeur, jointe à un grand respect, s’empara alors de Mr Taupe. Il courba…

  • Toyen, petits faits et gestes d’une très grande dame – Alain Joubert

    Je suis sûr, en effet, que la vraie vie de Toyen, celle qui s’incarnait avec tant de splendeur dans les images qu’elle proposait à nos secrètes inquiétudes, cette vraie vie prenait naturellement racine dans la vie réelle qu’elle menait selon certains rituels où la coutume lui servait de guide pratique et où l’habitude la sécurisait…

  • La faction cannibale – Servando Rocha

    “Comme beaucoup d’agitateurs politiques, propagandistes ou démagogues, affirme Paul Virilio, les artistes d’avant-garde savaient depuis longtemps ce que le TERRORISME allait bientôt vulgariser : rien n’est plus facile pour trouver place dans “l’histoire révolutionnaire” que de provoquer une émeute, un attentat à la pudeur, sous des prétextes artistiques.” Virilio se trompe pourtant sur un point…

  • La noix d’or – Cristina Campo

    Durant les soirées d’été passées au jardin, le silence prenait sa valeur réelle qui est celle d’accumuler des puissances; et quand mon oncle, souvent très fatigué par les nombreuses interventions chirurgicales qu’il avait pratiquées, tombait dans une légère rêverie que personne n’osait troubler, et que sa belle main, dont l’auriculaire était orné d’un serpent d’or…

  • La Ballade du café triste – Carson McCullers

    La route des Forks Falls est à trois miles de la ville. C’est là que travaille le groupe enchaîné des bagnards. La route est goudronnée. Le comté a pris la décision de combler les ornières et de l’élargir à un certain tournant dangereux. Le groupe se compose de douze hommes. Ils portent le costume rayé…

  • Écrits complets – Laure

    De la fenêtre présente et invisible je voyais tous mes amis se partageant ma vie en lambeaux ils rongeaient jusqu’aux os et ne voulant pas perdre un si beau morceau se disputaient la carcasse

  • Le soir – Anna Akhmatova

    La chaleur étouffante de l’air – Le soleil a bruni mes bras. Et la haute voûte du ciel – Vitre bleue au-dessus de moi.   L’odeur sèche des immortelles Se mêle à mes cheveux défaits. Sur le tronc rugueux du sapin Les fourmis en file vont et viennent.   L’eau calme de l’étang miroite, La…

  • Là où le temps est un autre – Anna Maria Ortese

    Pour l’adulte, et pour les peuples très cultivés, le monde entier est le monde de l’évident, du lieu commun. C’est pourquoi l’homme applique ses étiquettes, avec le prix et – le cas échéant – des informations sur la marchandise – partout. Ceci est un champ, ceci est l’océan, ceci est un cheval, voici ma propre…

  • Comment retarder l’apparition des fourmis – José Carlos Becerra

    (le scribe) les jours à venir, quand on n’entendra plus la couleur blanche parler entre ses dents sur tes pages, quand le moindre centimètre de ton âme ne manquera plus de mots, et que tes limites détiendront les ponts que tu as toujours prévus, et que les choses recevront la lumière appuyée sur cette chair…

  • La voie cruelle – Ella Maillart

    Cette maîtrise de moi me rapprochait évidemment de la réalité; et depuis mes premiers bourlingages avec marins et nomades, j’étais à la recherche d’une vie “réelle”. Pour l’instant, le seul vague moyen envisagé pour matérialiser ce projet consistait en une chambre blanchie à la chaux dans un village de Pamir où je comptais apprendre à…

  • L’Enchanteur pourrissant – Guillaume Apollinaire

    S’étant dévêtue alors la dame s’admira. Elle était comme le jardin d’avril, où poussent par places les toisons de persil et de fenouil, comme la forêt de juin, chevelue et lyrique, comme le verger d’octobre, plein de fruits mûrs, ronds et appétissants, comme la plaine de janvier, blanche et froide. L’enchanteur se taisant, la dame…

  • Diotime et les lions – Henry Bauchau

    Tout à coup j’ai su, une danse très lente s’est emparée de moi et elle était comme un chant. Un voile rouge et obscur s’est étendu sur mes yeux, je suis devenue sourde et j’ai été pénétrée par l’odeur du lion et par le goût de son sang sur mes lèvres. Je descendais en dansant…

  • Le Temps scellé – Andreï Tarkovski

    Voilà pourquoi je trouve difficile de comprendre de quoi il s’agit, quand des artistes parlent de liberté absolue à propos de la création. Je ne vois pas ce que signifie ce genre de liberté, car je crois, au contraire, qu’en choisissant la voie de la création, ils s’enchaînent à d’innombrables nécessités et se soumettent aux…

  • Poèmes ésotériques. Message. Le marin – Fernando Pessoa

    L’absence d’un dieu est aussi un dieu. Par la plaine où ne passe aucun chemin Le preux chevalier vient. Il chemine, la paix dans l’âme, en plein silence, Et Personne il ne craint. L’abîme est ma clôture, Être moi n’a pas de mesure dans Poèmes ésotériques Quelle voix se glisse dans le bruit des vagues…

  • Le monde sans les mots – Tamura Ryûichi

    Les choses lointaines deviennent proches Quand l’été s’envole en poussant le cri de guerre du silence Il doit y avoir un truc dangereux à ce degré de transparence Quand les choses lointaines deviennent proches Les choses lointaines deviennent invisibles L’État et la civilisation et le genre humain Choses proches Choses lointaines Et du reste Notre…

  • Le soleil sait/Une anthologie vagabonde (traduite par Angélique Ionatos) – Odysseas Elytis

    A propos de ses origines, Odysseas Elytis déclare : “Mon enfance est pleine de roselières; j’ai dépensé beaucoup de vent pour grandir. C’est à ce prix que j’ai appris à discerner les moindres crissements, à éclairer les mystères.” Odysseas Elytis croit fermement que la poésie – mais aussi les autres arts, comme la peinture qu’il…

  • Le Charmeur de rats – Marina Tsvetaeva

    La musique ? C’est la peste !La musique ! La tempête !C’est un Scythe dans la steppe !C’est la rupture des nerfs ! Du charbon ardent saisiÀ mains nues ! Fléau, pire – plaie ! Plus terrible que des bruits dans l’oreille,Que des rêves, yeux fermés.La musique – c’est des banques la faillite,Les furies en…

  • Pedro Páramo – Juan Rulfo

    “Ce village est plein d’échos. Ils semblent avoir été reclus au creux des murs ou sous les pierres. Quand on marche, on a l’impression qu’ils vous emboîtent le pas. On entend des craquements. Des rires. Des rires très anciens, comme lassés de rire. Des voix usées d’avoir trop servi. On entend tout ça. Je crois…

  • Paterson – William Carlos Williams

    La descente nous attire                comme nous attira la montée                              La mémoire est une manière     d’accomplissement                une manière de renaissance                              et même      une initiation, puisque les espaces qu’elle révèle sont      de nouveaux territoires                peuplés de hordes                              jadis inaperçues,      d’une autre espèce –                puisque leurs déplacementsont pour buts d’autres buts      (même s’ils furent, en d’autres temps, abandonnés)        Nulle défaite n’est seulement faite de défaite – puisque       le monde qu’elle révèle…

  • Blanche-Neige – Robert Walser

    Blanche-Neige: Oh, il n’y a plus de péché. Il s’est éteint dans notre cercle, il a fui. Et la pécheresse dont, en loyale enfant, je baise la main, je la prie de commettre bien des péchés aussi aimables. Quoi, Prince? Accumuler la haine? Oubliez-vous votre promesse toute récente, ce serment que vous avez fait à…

  • Le grand rire des hommes assis au bord du monde – Philipp Weiss

    “Voulez-vous un homme sain, le voulez-vous réglé & en ferme & sûre posture, affublez-le de ténèbres, d’oisiveté & de pesanteur.” (Montaigne) J’aime la Sibérie, mais je peux aimer la Sibérie autant que je veux, si personne n’en prend connaissance, si personne ne sait que j’aime la Sibérie, alors je n’aime pas la Sibérie, bien que…

  • De si jolis chevaux – Cormac MacCarthy

    Ils longèrent la clôture et prirent à travers les vastes pâturages. Le cuir grinçait dans le froid matinal. Ils lancèrent les chevaux au petit galop. Les lumières disparaissaient derrière eux. Ils arrivèrent sur la haute prairie où ils mirent les chevaux au pas et les étoiles autour d’eux surgirent à foison de l’obscurité. Quelque part…

  • Rodmoor – John Cowper Powys

    Pendant plusieurs minutes ensuite, ils s’absorbèrent dans la contemplation de la masse immobile des eaux illuminées. Adrian rompit enfin le silence : – Mon but dans ce livre, dit-il, c’est la révélation que l’essence de la vie est liée à l’instinct de destruction. Je veux démontrer – ce qui est la pure vérité – que…

  • Les jardins statuaires – Jacques Abeille

    Comment le mépriserions-nous dès lors, lui qui est à la source de ce qu’il y a de plus obscur et de plus tenace dans notre participation à la communauté que nous formons! Une sorte de gloire terrible dont aucun homme ne voudrait. Car quel homme pourrait affronter sa propre effigie muette soudaine dressée en face…

  • Les détectives sauvages – Roberto Bolaño

    Il y a une littérature pour les moments où on s’ennuie. Elle est abondante. Il y a une littérature pour les moments où on est calme. C’est la meilleure littérature, je crois. Il y a aussi une littérature pour les moments où on est triste. Et il y a une littérature pour les moments où…

  • Un balcon en forêt – Julien Gracq

    (…) d’où pouvait venir que cette guerre-ci touchât le monde d’une pareille maladie de langueur? De temps en temps une feuille sèche se détachait d’une branche et glissait sans bruit jusqu’à la chaussée, insignifiante dans l’air clair et froid, mais ce qui venait n’était pas le sommeil de l’hiver; on pensait plutôt à ce monde…

  • Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout – Radovan Ivsic

    Quelle boussole secrète détermine le parcours? “Quelles sont les véritables dimensions de Lautréamont?” Je ne sais pas encore que ce sont les derniers mots qu’André Breton va prononcer. Car je n’en ai pas fini avec le hasard dans lequel je ne suis pas loin de reconnaître, après Maeterlinck, cette “méditation inachevée” nous conduisant aux “faubourgs…

  • Un arrière-pays – Paul Willems

    J’étais sujet à l’asthme, dont les accès me prenaient d’habitude vers onze heures du soir. Avant d’aller me coucher, mes parents ou ma grand-mère entraient sur la pointe des pieds dans ma chambre et se penchaient sur mon lit, guettant ma respiration. Quand un accès d’asthme montait, je voyais le visage de ma mère et…

  • Le rose Tiepolo – Roberto Calasso

    La vision doit encore arriver. Il y a un arrêt complet – et le mutisme merveilleux du monde. Tiepolo : la dernière bouffée de bonheur en Europe.. Et, comme tout vrai bonheur, il était plein de côtés obscurs, qui n’étaient pas destinés à disparaître, mais plutôt à prendre le dessus. Selon Castiglione, le remède au « malheur…

  • Le pur et l’impur – Colette

    Pepe était – la mort l’a mis en sûreté – espagnol, de noblesse ancienne, petit, assez gourmé, chaste par timidité et laid agréablement. Il aimait sans remède le bleu, l’or, la couleur vermeille, la beauté masculine, les blonds à qui un métier manuel impose le port de la salopette de toile bleue. Pepe, accoudé vers…

  • Mon théâtre – Pippo Delbono

    Le naturalisme tue la relation avec le public. Chaque élément, dans un spectacle, est comme une note et chaque acteur est un instrument, comme dans une partition musicale : il y a le sax, le piano, la guitare, la batterie, chacun est seul, mais avec les autres. Chacun a son parcours…et l’écoute se situe à…

  • Seiobo est descendue sur terre – Laszlo Krasznahorkai

    (…) car jusqu’ici, jusqu’à l’apparition des bûcherons, il leur était tout simplement impossible de prendre le Misoma-Hajime-sai au sérieux, même si cette pensée semblait blasphématoire, ils pensaient, et se dirent à voix basse que l’absence de sacré, autrement dit le sacrilège officiait sur cette scène, où rien n’était authentique, ni crédible, chacun des gestes du…

  • Le Grand Rivage – Kenneth White

      assuré que la visée vitale de l’art c’est de jeter à la ronde images témoignages preuves d’une puissance de synthèse accordée à la vie et qui préserve la vie contre la solitude le morcellement les agressions froides de l’espace et du temps ……….. car toujours revient la questions comment dans la mouvance des choses…

  • Les oiseaux – Tarjei Vesaas

    C’est alors qu’arriva le grand événement.Tandis qu’il réfléchissait, voyant Hege s’en aller, il s’assit à sa place habituelle sur l’escalier de la maisonnette et regarda par-dessus le lac, vers les crêtes à l’ouest. L’eau était noire maintenant, et les crêtes s’assombrissaient. Un doux crépuscule d’été, dans le ciel et sur la terre. Mattis n’était pas…

  • L’homme qui meurt – James Baldwin

    Ils se voyaient comme d’autres les avaient vus. Ils avaient été formés par les images fabriquées par ceux qui avaient le plus profondément éprouvé le besoin de les mépriser. L’usage extraordinairement méprisant qui avait été fait d’eux par les autres était le commencement de leur histoire, la clé de leur vie et la pierre angulaire…

  • Sur Anne Akhmatova – Nadejda Mandelstam

    Anna Akhmatova – novembre 1961, à l’hôpital, Nous sommes quatre… … et j’ai renoncé ici à toute chose,Renoncé à tous les biens terrestres.L’esprit, le gardien de ces lieux,N’est qu’une branche de bois mort. Dans cette vie nous sommes tous en visite,Vivre, c’est juste une habitude,Je crois entendre dans l’espace aérienDeux voix qui s’interpellent. Deux ?…

  • Walter Benjamin 1892-1940 – par Hannah Arendt

    Ce que toutes les autres villes ne semblent accorder qu’à contre-cœur aux déchets de la société – trainer, flâner – c’est précisément ce que les rues de Paris demandent à tout un chacun. C’est pourquoi, dès le Second Empire, la ville est devenue le paradis de tous ceux qui ne ressentent pas le besoin de…

  • La personne et le sacré – Simone Weil

    Il y a depuis la petite enfance jusqu’à la tombe, au fond du cœur de tout être humain, quelque chose qui, malgré toute l’expérience des crimes commis, soufferts et observés, s’attend invinciblement à ce qu’on lui fasse du bien et non du mal. C’est cela avant toute chose qui est sacré en tout être humain.…

  • Vernon Subutex – Virginie Despentes

    Quoi qu’ils en disent, les prolos d’aujourd’hui voudraient tous être nés du bon côté du manche. A Lessines, où il a grandi, les sirènes des carrières rythmaient le temps. On méprisait les bourgeois du haut de la ville. On ne buvait pas avec le patron. C’était la loi. Dans les bistrots, ça ne parlait que…

  • Louves – Francesca-Yvonne Caroutch

    Le loup dit : “Qu’est-ce que mille ans de solitude, face à l’ultime point d’or d’une tradition qui ne cesse de scintiller depuis la nuit des temps?” Astre errant révèle sa science noire comme la terre-mère nous aide à décoder les éboulis les runes des écorces sacrées ce que les loups ont appris au paysage.…

  • Le temps des assassins – Henry Miller

    Je pense que la tâche de l’avenir sera d’explorer le domaine du mal pour ne plus y laisser le moindre soupçon de mystère (…). Nous ne pouvons plus résister au mal, nous devons l’accepter. Nous ne pouvons jamais rien expliquer que par énigmes. Le siège d’un renouveau est dans le cœur et c’est là que…

  • Vents – Saint-John Perse

    … C’étaient de très grands vents sur la terre des hommes – de très grands vents à l’œuvre parmi nous, Qui nous chantaient l’horreur de vivre, et nous chantaient l’honneur de vivre, ah! nous chantaient et nous chantaient au plus haut faîte du péril, Et sur les flûtes sauvages du malheur nous conduisaient, hommes nouveaux,…

  • Nouveaux contes d’hiver – Karen Blixen

     – Madame, dit-il, je vous ai raconté une histoire. On a raconté des histoires depuis que le langage existe et sans histoires, l’espèce humaine aurait péri comme elle aurait péri sans eau. On voit les personnages d’une histoire comme s’ils étaient lumineux et situés sur un plan supérieur, en même temps ils peuvent ne plus…

  • Discours à l’occasion de l’attribution du Prix pour les pièces radiophoniques – Friederike Mayröcker

    Pour moi, écrire ne signifie pas seulement analyser un souffle, un regard, un voyage aux endroits de l’enfance, un fait, mais aussi analyser les relations au monde des mots d’hier et d’aujourd’hui. En écrivant, je crée un lieu de transbordement où se croisent toutes les impressions ou les expériences d’une journée; je crée une sorte…

  • Sur la terre comme en enfer – Thomas Bernhard

    Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit, rien de ce tourment qui m’épuisait comme la poésie qui portait mon âme, rien de ces mille crépuscules, de ces mille miroirs qui me précipiteront dans l’abîme. Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit que j’ai dû traverser à gué comme le fleuve dont…

  • Les Derniers Jours de l’humanité – Karl Kraus

    L’humour n’est que le reproche à soi-même de quelqu’un qui n’est pas devenu fou à la pensée d’avoir gardé le cerveau intact en témoignant de cette époque. Seul lui, qui livre à la postérité la honte de sa participation, a droit à cet humour. Quant à ses contemporains, qui ont toléré qu’adviennent les choses décrites…

  • La nuit à pas de cheval – Ingeborg Bachmann

    La nuit à pas de cheval, devant la porte le noir destrier, mon cœur tremble comme avant et me tend de volée la selle, rouge comme le licol, que Diomède me prête. Le vent me saute dessus violemment dans les rues sombres et partage la boucle noire des arbres dormants, dont les fruits que la…

  • Conter, un art? – Michel Hindenoch

    Ce qui se dégage du conteur… une lumière forte et fragile à la fois, une puissance que nous ressentons mais dont nous n’avons pas les clés. A quoi cela tient-il? Une curieuse lumière qui nous traverse et fait tomber les murailles, une puissance qui semble nous être accordée comme une grâce. Par qui? Par quoi?…

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