
Étiquette : Catherine Pierloz


Maudite, le temps que durent les roses

Miroir, ô
public : à partir de 15 ans
durée : 1h Continuer de lire Miroir, ô

Cassandre
public : à partir de 12 ans
durée : 1h Continuer de lire Cassandre

Ma grand-mère avait des doigts de sorcière
public : à partir de 6 ans
durée : 1h10 Continuer de lire Ma grand-mère avait des doigts de sorcière

Os & Racines
public durée lieu : à discuter selon vos envies Continuer de lire Os & Racines

Élément déclencheur
Ils avaient été éduqués à aimer le marasme, à y reconnaître une part essentielle de leur culture. C’était un peuple las, fatigué d’avance par la contemplation d’un ciel étoilé ; il y avait tant à ouvrir en soi pour accéder à … Continuer de lire Élément déclencheur

Bateleur
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, dans certains contes, certains personnages, souvent les plus jeunes, sont considérés comme un peu idiots, et pourtant ce sont eux qui traversent les épreuves ou permettent toutes sortes de délivrances ? On n’explique pas cela dans … Continuer de lire Bateleur

Quand tu aimes, il faut émonder
Quand tu aimes, il faut émonder et greffer aux ronces de tes chevilles une rose, ainsi se dessine le début : un aubépinier. Quand tu aimes, il faut émonder et noyer d’autre chose ce qui se tord-là et qui doit n’avoir … Continuer de lire Quand tu aimes, il faut émonder

Tournant
Du neuf? – dans l’air Rien Autre chose Faut ôt’ chose ôt’ chose comme la femme inuit qui devint squelette puis mouette rosée Faut ôt’ chose C’est dans les mots aussi surtout Même savonné t’as pas l’air frais dans ta … Continuer de lire Tournant

Ah je ris de me voir si belle en ce dossier
Ils écrivirent des dossiers des années durant sur de vieux parchemins numérisés. Ils remplirent scrupuleusement les cases ne déviant pas d’un caractère. Nom Prénom Intentions Projet Budget ça les rassurait. Ils gambadaient allègrement dans les clous de leur artistique activité, … Continuer de lire Ah je ris de me voir si belle en ce dossier

rien
il n’y avait plus rien soudainement roulant sur ce chemin vélo en avant des nuages sur du ciel bleu traces de pluie dans l’air cette impossibilité de véritable aridité été et fin l’enfant derrière silencieux curieusement il n’y avait plus … Continuer de lire rien

Café des Moires
Elles mentent — Elles mentent Car parlant d’eux Elles parlent d’elles Les cancanières, têtes de cafetière Toujours à moudre un grain amer A s’imbiber de marc épais A se déplaire en compagnie A se complaire au tain ranci — Elles … Continuer de lire Café des Moires

Quelque part
Je les cherche dans l’opaque. D’eux, on nous parla dans les silences de nos contes d’enfance. Ces mots-là, agencés en dépit de tout sens, dits d’une certaine voix, régissent les pièces du puzzle désarticulé. Ces mots-là, je les cherche à … Continuer de lire Quelque part

en vie
dédicace à … L’envie met à couver des œufs de canards pourris pour en faire sortir des cygnes. L’envie est une bête qui ronge ses propres pattes quand elle n’en trouve pas d’autres. L’envie voit le pont mais pas le … Continuer de lire en vie

Complot
Tout va par deux Prends garde : au troisième on te brisera Tout va par deux Entends-tu : le Saint-Esprit vient là derrière Tout va par deux Regarde : des sédiments obstruent ton troisième œil Tout va par deux On … Continuer de lire Complot

Dans la décomposition des vers
Pour Anna Akhmatova Si c’est seulement pour une valse, souliers légers sur parquet vernis, Quel prestige? C’est un pied nu qu’il faut avoir enfoncé jusqu’à l’insoutenable, Pour gagner à dire. Et toi, que célébraient tous les auspices, Qui traversas finalement … Continuer de lire Dans la décomposition des vers

Il fait beau, je reste dans mon lit
Je préférais celle que j’étais en 1834 : trappeuse dans les Rocheuses. Je suivais des traces claires. Reconnaître la feuille et le cri était chose vitale (et non « nourriture pour l’esprit « ). Aujourd’hui je m’efforce d’être la trace et la … Continuer de lire Il fait beau, je reste dans mon lit

Leçon des Ténèbres
Ne te retourne pas : des yeux brillent dans le narthex. … Ton avertissement vient trop tard, j’ai pressenti cela, l’éveil de l’ombre : cette flamme froide entre mes os et la peau, et ce désir, soudain, sauvage, de te … Continuer de lire Leçon des Ténèbres

Fin du Vaste
‘Plus Oultre’ Que meure la devise! Au-delà de l’Hindus. Au-delà de l’Orénoque. Au-delà du Cap de Bonne-Espérance. La Horde du Contrevent y est allée. N’a trouvé ni épices. Ni or. Ni myrrhe. Seul un relent de vieille cuisine où végètent … Continuer de lire Fin du Vaste

os & racines
Il y a certaines choses, me coucher dans l’herbe écouter le vent dans les feuillages sentir l’odeur humide de la terre entendre le cri des hirondelles, tôt ou tard dans la journéequi ont le pouvoir de me redresser la colonne … Continuer de lire os & racines

Une initiation
Elle se pencha sur le monde et le regarda d’un œil critique. Elle flottait dans les limbes durant ce laps de temps où est encore possible tout renoncement. Elle flottait à la frontière entre deux états comme tant d’autres en … Continuer de lire Une initiation

Tea Time, Karen Blixen & Kenneth White
Où l’on précise sa position par le biais d’une tierce personne, absente Kenneth White enfourna une poignée d’amandes dans sa bouche et n’attendit pas d’avoir fini de mâcher pour se lancer dans son commentaire après que le dernier intervenant eût … Continuer de lire Tea Time, Karen Blixen & Kenneth White

Le quart d’heure ésotérique
INVOCATION POUR ENTRETENIR LE FEU SACRÉ Que s’ouvre mon chakra du périnée à l’exacte verticale du centre de la terre où bouillonne la roche en fusion. Que s’écartent mes os alors que monte la lave. Et que je sois, volcan … Continuer de lire Le quart d’heure ésotérique

Quatre éléments (parmi tant d’autres)
EAU Elle avait fait un rêve tellement puissant alors même qu’elle accouchait qu’elle a toujours prétendu ne l’avoir pas senti naître. C’était ce que sa mère, une généreuse nourrice qui élevait ses neuf enfants et allaitait ceux des princesses de … Continuer de lire Quatre éléments (parmi tant d’autres)

Sous les mots écrits
Il y a des mots qui ne veulent rien dire, quand ils sont regardés de haut. Quand tu les regardes du fil d’où tu sais que tu vas tomber et venir t’écraser en terre, directement sous terre et y rester, … Continuer de lire Sous les mots écrits

Sœurs
Elles sont sœurs de refoulement. Comment se fait-il que l’une traverse le miroir et que l’autre reste freinée par le regret ? ©Catherine Pierloz – 2017 Continuer de lire Sœurs

Le corps minéral
Le corps minéral a toujours un intense besoin de camouflage. Ce corps est vite blessé par les regards. Il opère un travail sur la texture et sur la forme. Il procède par creux et ajouts. Il œuvre sur la peau. … Continuer de lire Le corps minéral

L’arrière-pensée
Elle rôde sous le front, butée comme une prophétie de novembre. Même taiseuse, tu entends ses menaces. Elle se croit de haute tenue. Elle vole large, la rapace, elle accapare tout. Pourtant, tu crois encore que tu peux la faire … Continuer de lire L’arrière-pensée

ça grésille sous le néon
Il y a du fifre dans les moulins. Ils se bloquent. Et le feu reprend. Clairières laissées à vif. Clairières laissées mortes faute de sous-bois. La confusion se répand dans les espaces gérés. Le vide propulse son propre chaos invisible … Continuer de lire ça grésille sous le néon

Ce qui advint de nous
Retour sur les bergamotes sauvages. On ira au bois de jouvence. Les astres ont des fleurs rouges à la boutonnière. S’amorcent bien des choses dont nous ne savons encore rien. Des recueils et des trous à rats pour les berges … Continuer de lire Ce qui advint de nous

Rire entre les dents
Le temps passe plus lentement. On attend. Les impressions se distendent, entre aube et cris d’hirondelles. Le crocodile attend sous le lit. On se travaille la peau. Les cercles délimitent initiés et pâles envies. Les vases ont des fleurs roses, … Continuer de lire Rire entre les dents

Lettre aux loups
Chers loups du Mont Guéret, on s’est croisé, il y a quelques années. J’avais un contrat pour une soirée contée dans le parc où on vous garde. Je m’y suis promenée seule, après que les derniers visiteurs soient partis. J’ai … Continuer de lire Lettre aux loups

Rencontre originelle
Il l’inhala. L’un inhala l’autre. Le ventriculum inhala le soah. La rencontre fut brève, déterminante, et secrète. Pour chacun des deux, elle demeura pur mystère. Ils ne surent jamais pourquoi tout se modifia soudain, pour l’un et pour l’autre. La … Continuer de lire Rencontre originelle

Amertumes dans le sillage de Sylvia Plath
Que d’étranges amertumes sur les eaux glacées du Gange ! Elles attendent le merci. Mais les bouches des morts sont cramoisies et s’enflamment. Autour des bûchers errent des flamands roses en quête d’un cœur rôti. Ils se contenteront de cendre d’os. … Continuer de lire Amertumes dans le sillage de Sylvia Plath

Ophélie, faute de mieux
Elle vivait dans le marais. Comme une racine qui hésite, morte-née, née morte. Elle vivait dans le marais avec d’autres Ophélie de pacotille. Une grande ossature glissante d’algues, verdâtre, saumâtre. Elle avait été femme autrefois. Puis elle est morte. Contre … Continuer de lire Ophélie, faute de mieux

Rapines et farandoles
Je tire les démons à moi. Ils s’accrochent à leurs rapines. Je voudrais danser avec eux la farandole de Saint Guy. Ils s’encroûtent dans des enfances toxiques et ont des reflux vexatoires qui piquent le tain des miroirs. Les chats … Continuer de lire Rapines et farandoles

Les ennemis sont aux portes
Pleurs au bord d’un rivage. Les ennemis sont aux portes. La famille repart et emmène l’enfance. Tristesse dans les sous-bois. Tristesse aux abois. Les chants tibétains massent l’âme recroquevillée dans son utérus. Elle m’emmène où, elle? Dans sa nuit sans … Continuer de lire Les ennemis sont aux portes

La veille de la prochaine vie
Il est seuil à l’horloge. Nous battrons les pas des martingales. Nightingale. J’ai des affres dans la voix. Je recule sur l’oreiller. Si le visage sous la peau lisse t’exècre, tu feras quoi? On s’en battra les ailes. On arrête … Continuer de lire La veille de la prochaine vie

Le cerf cathédrale
Il a embroché la bienfaitrice et a poussé haut son brame. Puis, effrayé de lui, il a disparu dans les taillis. Le sang de la bienfaitrice a coulé le long de ses bois, a coulé dans ses yeux. Devenu aveugle, … Continuer de lire Le cerf cathédrale

Grosse lune voilée/Jour de râles de louve
J’erre comme une vieille louve dépenaillée, L’irritation au bord des dents. J’ai le poil en touffes et les omoplates creuses. Une vieille déprime au bout des reins. Mordre m’abjecte, tout contact est intolérable. Vivre hérissée, le temps que passe Cette … Continuer de lire Grosse lune voilée/Jour de râles de louve

Se terrer et ne pas dormir
J’arrondis l’écriture comme des flashs de misère. Il y en a toujours à se terrer, errer quelque part, en train d’espérer qu’elles y seront seules au moins pour un temps déterminé, déterminé par un début – une chute, un trébuchement, … Continuer de lire Se terrer et ne pas dormir

Comme Merlin
Toi qui te colles à mon tronc Toi qui cherches ma parole Tu l’as sûrement déjà espéré, Subir la Grande Initiation. Passer sous les grands arbres verts, Les pins odorants, la résine cuite par le soleil. Un sifflement venu de … Continuer de lire Comme Merlin

Le Sanglier de Bronze
Au pays des heures insoutenables, il y a celles-ci, où Nina lisait aux côtés de sa mère mourante, la mère coincée dans son fauteuil, assise parce que l’eau qui lui emplissait les poumons l’aurait étouffée trop rapidement en position couchée. … Continuer de lire Le Sanglier de Bronze

Qui?
Qui ? Là où le sel, tassé jusqu’aux lignes, ronge le ciel, Craint de trébucher sur une vertèbre d’ego ? Qui ? Là où le sel, berceau pour les os, assèche les confusions moites, Soupçonne des mirages baroques crachés par une bouche d’ego ? … Continuer de lire Qui?

Celles qui/au-delà de la dentelle
Celle qui avait trois chiens, elle leur avait coupé la langue parce qu’elle préférait le silence mais aimait quand même les chiens. Celle qui n’avait plus de dents à la mâchoire du bas, avait de la malice dans l’œil droit, … Continuer de lire Celles qui/au-delà de la dentelle

Elle jouit des os
La réincarnation de Karen Blixen en crustacé était un sujet dont aimaient débattre certains spécialistes, dans le plus grand secret et avec les mines compassées de ceux qui sont au courant d’une rareté dont l’impact n’atteint pas la sensibilité du … Continuer de lire Elle jouit des os

Tributaire
De Mirel Wagner, j’ai gardé un air de guitare détaché sur la nuit sombre. Noire, yeux révulsés, chantant comme une racine d’arbre millénaire, un chant de rocaille et de sable, vent sur les ruines. Sérénité éblouie d’un désespoir qui n’est … Continuer de lire Tributaire

Lettre à Cassandre
Dans la trentaine, je t’ai beaucoup cherchée. J’ai prononcé ton nom bien plus souvent que je ne t’ai rencontrée. J’avais la sensation obsédante d’une présence tapie dans le noir, recroquevillée et hostile. Boudeuse, tu serrais les lèvres et secouais la … Continuer de lire Lettre à Cassandre

Le dur labeur des dieux possesseurs
Vous traverser, vous autres, humains ! Se faire vent comme une lame effilée, prendre un élan, rencontrer l’obstacle si tendu de vos corps et éprouver le choc des densités. Sentir le resserrement, l’amplitude sans forme, sans contrainte. Apprécier la différence … Continuer de lire Le dur labeur des dieux possesseurs

A la recherche du corps perdu
J’avais dit : « D’abord je dois voir mes personnages nus, puis seulement je les habille. » Allons-y donc… Approchez, aujourd’hui, pour l’ingénuité de votre regard : « Cassandre nue. » Elle se terre, crache et feule comme un chat. Je l’attraperai par les cheveux, la … Continuer de lire A la recherche du corps perdu

Adresse à Hécube
Vous avez les chairs rampantes, chère mère. On dirait que vous n’en aurez jamais fini d’englober tout ce que vous considérez comme vôtre. Je sens la peau flasque de votre ventre qui frémit chaque fois qu’un de vos innombrables enfants … Continuer de lire Adresse à Hécube

Chemin de chutes
Je serpente. De toute façon, je serpente. De droite à gauche, qui plus est. J’enrubanne un territoire que j’explore en descendant. Je vous présente une face ou l’autre. Vous n’aurez jamais accès à moi, en complétude. Et quand je torve, … Continuer de lire Chemin de chutes

Géant rouge du Rhin
« T’as du sang sur les mains, fillette. T’as du sang dans les reins. Tu croiseras le chemin, fillette, Du géant rouge du Rhin. » Je leur ai jamais dit, ce que je cherchais dans la nuit. Une grande peur, à me … Continuer de lire Géant rouge du Rhin

Femme squelette
Deux silhouettes s’en viennent. Sont là pour me prendre mon bien. Deux silhouettes s’en viennent. Me pétrifient l’âme. Je leur donnerai mon bien. Deux silhouettes comme des corbeaux géants ou des ours blancs. Me laissent dépouillée au fond des mers. … Continuer de lire Femme squelette

Nos grands-mères aux doigts de sorcière
A quoi reste-t-on fidèle ? Y a-t-il un lien de loyauté qui se déploie comme un fil rouge de notre conception à notre mort ? Quel est le pacte initial ? Qu’avons-nous promis au moment où se formait tout ce que nous allions … Continuer de lire Nos grands-mères aux doigts de sorcière

L’ocelot
Une nuit, un chat m’attendait devant ma porte. Un jeune chat miaulant. Il s’est frotté contre mes jambes en ronronnant. Il était noir tacheté de roux. La nuit précédente, j’avais rêvé d’un ocelot qui se régénérait de lui-même après avoir été … Continuer de lire L’ocelot

Je me sens écrire
C’est aérien. Quelque chose au niveau de l’esprit, par-dessus la tête. Ça cherche à capter un début de phrase. Un début de phrase, c’est le début d’un fil qui n’a plus qu’à se dérouler. Très important. Ça porte tout en … Continuer de lire Je me sens écrire

Divagations animales sur perspective apocalyptique
Dédicace à Kenneth White/ Un loup erre dans les gravas. Puni par lui-même, il n’ira pas marcher à la lisière de Goose Bay, au commencement du monde. Assis dans un rayon de lumière, il soupire. Il est seul. C’est un … Continuer de lire Divagations animales sur perspective apocalyptique

Lumière chez Philomène
C’est une lumière qui vole à la rencontre de l’oiseau L’oiseau immobile dans le ciel Ailes grandes ouvertes « Viens, lumière, viens » La lumière Transparente Invisible Transperce l’oiseau Le traverse L’oiseau irradié Suspendu dans le ciel Chute, immobile C’est une lumière … Continuer de lire Lumière chez Philomène

Bruits de l’Ego
« A celui qui dit : je pense donc je suis, comme à celui qui dit : je suis celui qui pense, comme à celui qui dit : je suis celui qui est ; moi je dis : je serai celui qui sera, j’ai été celui … Continuer de lire Bruits de l’Ego

Arachnée sous le voile
C’est exactement ça, je veux tisser une toile où tout englober. Ça doit avoir cette forme-là, à partir d’un centre : rayonner, rayonner. Invisible et capable de tout intercepter. M’intéresser à l’art du tissage des toiles d’araignées. Ramifications. Liens. Rien qui … Continuer de lire Arachnée sous le voile

Celles qui viennent
Elles seront flottantes comme des voiles de bateaux échoués. Un voile blanc troué de toutes parts entre les rochers affleurant, devenu nid de goélands. Elle seront amères, comme le thé de minuit, infusé toute la journée. Une gorgée pour marquer … Continuer de lire Celles qui viennent

Je vais mourir
Je vais mourir. Je ne sais pas quand ils viendront. Parfois j’ai envie de raconter. Mais il n’y a personne. Et je ne sais pas où tu es. Je ne sais pas si tu vis encore. Tu m’as laissée dans … Continuer de lire Je vais mourir

Ils ont coupé le vieux chêne
La nuit tombe. C’est l’heure d’écrire, ma chérie. Les bûcherons sont venus aujourd’hui. Ils ont coupé le vieux chêne. Je leur ai crié des insultes. Ils se sont moqués de moi. Je les ai entendus. Ils ont dit que je … Continuer de lire Ils ont coupé le vieux chêne

La belle au bois dormant
Eve n’aimait pas les livres. Elle refusait de m’en acheter. J’en ramenais parfois de l’école, mais je devais me cacher pour les lire. Elle disait, quand elle me surprenait : Va te promener. Il faut toucher et sentir. Je ne possédais … Continuer de lire La belle au bois dormant

J’ai toujours préféré les matins
J’ai toujours préféré les matins. J’ai toujours eu cette curiosité intense des matins. Mon premier geste n’était pas d’écarter les volets, non, bien que j’ai beaucoup aimé le bruit des volets que l’on claque, et, c’est vrai, j’ai parfois été … Continuer de lire J’ai toujours préféré les matins

Les autres
Je sais ce que tu penses, ma vieille grand-mère. Tu me regardes toujours comme si tu ne me reconnaissais pas. Tes regards m’insultent. Tes regards me jugent. Tu me préférais avant. Et alors ? Que veux-tu que ça me fasse ? Considère … Continuer de lire Les autres

Le grand cerf
C’est moi qui l’avais emmenée au pied du grand cerf, l’hiver où il était tombé à la lisière de notre clairière. Je l’avais découvert, dans la lumière grise d’un après-midi de brumes. Il gisait dans la neige, malade ou blessé, … Continuer de lire Le grand cerf

Venez à moi vous reposer
Je suis vide. Je suis une noix creuse. Un parasite. Réactive jamais créative. Je dis oui, ou je dis non, à ce qu’on me propose. Je ne propose rien. J’écoute les battements de cœur de l’autre, je m’y adapte pour … Continuer de lire Venez à moi vous reposer

Rayonnement
Séréna vient d’accoucher. Le bébéva bien mais les médecins sont formels : cette fillette n’a pas derayonnement de la personne et n’en aura jamais. -Mais pourquoi dites-vous qu’elle va bien, alors ?,s’indigne Séréna. Et les médecins de lui expliquerpatiemment que toute la … Continuer de lire Rayonnement

Dans la forêt
La pourriture des feuilles mortes deviendra terre dans les sous-bois. Les troncs sont humides et rêches. C’est le crépuscule, et dans la forêt, le paysage se fond autour de soi pour ne former qu’un arrière-plan sombre et sans relief, tout … Continuer de lire Dans la forêt

Le maqué du busc
Le maqué du busc a une tête de bouse de vache mais plus blanchâtre et plus grumelée. Sa grande face plate et de chair molle est très changeante parce qu’aucune ossature ne lui garantit une physionomie de base. C’est une … Continuer de lire Le maqué du busc

Le père et le monde
Mon père était fantasque. Il m’avoua plus tard que c’était parce que la vie l’ennuyait tellement. Il disait toujours : « Rendez-vous compte, l’humanité est frileuse, elle ne change jamais de perspective. » Il répétait souvent cette phrase, au point que je … Continuer de lire Le père et le monde

Où sont les étrangers?
– Où sont les étrangers? Il crie en traversant le campement. – Où sont les étrangers? – Sont partis à la rivière. Cherchent l’eau. – Sont bons qu’à ça les étrangers. Y leur faut une directive et un travail précis. … Continuer de lire Où sont les étrangers?

Fabuleux
Cet animal est, d’un côté, le plus heureux des animaux parce qu’il gît toujours – par quel miracle en nos temps glorieux de recensement de tout?- dans des sphères ignorées de la science. En d’autres mots, il n’est recensé nulle … Continuer de lire Fabuleux

Bestiaire
Le cygne De la grâce, du panache, une fierté de sang-bleu, Rien à redire à cet animal. Mais… Trop de distance! On se lasse à force de révérence. Qu’il tourne seul sur son étang! Le loup Que donnerais-je pour connaître … Continuer de lire Bestiaire

Se déployer
Il s’était réveillé ce matin, extrêmement irrité comme chaque matin, pestant contre cette sensation diffuse de tiraillement dans les épaules et dans le dos. Il s’est assis sur le lit, mine renfrognée, exaspéré de devoir vivre encore ce jour-là aussi, … Continuer de lire Se déployer

Juan et la mer
Juan était ferrailleur sur un paquebot. Il était chargé de collecter tout objet de métal jeté ou inutilisable. Il veillait aussi sur l’eau. Tout détritus, reste de navire pulvérisé,de satellite tombé à la mer, de canette jetée par dessus bord;tout … Continuer de lire Juan et la mer

La vieille & le poirier
J’ai trouvé mon alter ego, mon miroir, mon frère. Mes années dépassent depuis longtemps la vénérable étape des 80 ans, et enfin, je me reconnais dans une autre de ces créatures vivant sous ce soleil qui m’a tant buriné la … Continuer de lire La vieille & le poirier

Cet enfant me tue
Cet enfant me tue, cet enfant m’achèvera, est-ce si difficile, dites-moi, d’arriver quand j’appelle, est-ce difficile, alors que je crie son nom « Louis ! » d’accourir, de répondre par une action logique, décidée, efficace, est-ce trop lui demander à cet enfant, qui … Continuer de lire Cet enfant me tue

Anathème
Elle crachait sa haine sur leurs estomacs boursouflés de fromage et de vin. Elle leur jura que jamais elle ne finirait comme eux, repus et sages, gonflés à bloc et satisfaits sans rémission d’une vie tirant sur sa fin. Elle … Continuer de lire Anathème

Des mots et du coeur
Marche entourée d’un voile Âme embrumée Tu ne sais pas ce que tu ressens Tu ne sais pas où tu te retranches Tu ne sais pas où tu vis L’homme est celui qui avance dans le brouillard. (Kundera, Les testaments … Continuer de lire Des mots et du coeur

Apprendre
-Je t’apprendrai Gianmarco. Folle promesse ! Incroyable perspective ! -Je t’apprendrai. Pour qu’un jour tu prennes le monde avec toi. Mais un homme n’a pas assez de bras, d’oreilles, de bouches, de sens, d’intelligence, d’inconscience pour ne pas perdre un bout du … Continuer de lire Apprendre