Littérature et politique – Sandra Lucbert

Pour produire du contre qui ne soit pas compartiment du pour, il faut construire, non pas de la représentation-mimésis, mais une figure. Qu’est-ce qu’une figure? C’est une autre découpe des éléments du monde et, par-dessus tout, leur agencement, leur présentation dans une autre mise en rapports. Autre : par rapport au câblage qui nous organise… Lire la Suite →

Langage et silence – George Steiner

Les relations sexuelles sont, ou devraient être, une des citadelles de l’intériorité, le refuge nocturne où il nous serait donné de rassembler les fragments harassés de notre conscience en une manière d’ordre inviolable et de repos. C’est dans l’expérience sexuelle qu’un être humain solitaire, et deux êtres tendus vers une communication entière qui est aussi… Lire la Suite →

L’immense festival / Si l’immensité était contée

Bonjour à vous,j'aurai le plaisir de vous présenter une première version d'un conte élaboré dans un joyeux contexte collectif "Si l'immensité était contée", les 25, 27 et 28 mars prochain (dans 2 jours quoi!).Nous avons tenté, sur une impulsion du Syndicat des immenses, avec l'appui enthousiaste et chaleureux du Théâtre de la Parole, de fabriquer... Lire la Suite →

Ice Cold Trash, l’immense

Ne pas pouvoir nommer les malheurs du monde, c’est être incapable de les dénoncer.Le Syndicat des immenses  En quelques mots Intentions Un jour est apparu Ice Cold Trash.D'où ? Comment ? Pourquoi ? Personne ne le sait.C'est ainsi. Il y a des êtres qui apparaissent. Et le monde change.Il est apparu dans une ville gigantesque et végétale.Dans cette... Lire la Suite →

ça use les souliers – Anne Versailles

Chaque jour, on marche vers des démarches toujours à recommencer : pour aller au rendez-vous au CPAS, à la mutuelle, pour s’inscrire dans les sociétés de logement sociaux, pour aller voir ses enfants, ou parce qu’on habite la rue. « Ça use les souliers » est un documentaire choral réalisé avec des militant·es du Mouvement LST qui... Lire la Suite →

Le cerf cathédrale

Il a embroché la bienfaitrice et a poussé haut son brame. Puis, effrayé de lui, il a disparu dans les taillis. Le sang de la bienfaitrice a coulé le long de ses bois, a coulé dans ses yeux. Lui, devenu aveugle. Dans la forêt profonde, c'était sans importance. De son poitrail émanait une lumière. Elle... Lire la Suite →

bx1 Bruxelles vit ! – Initiation au conte

Aujourd’hui, Amélie Bondjutu est dans les locaux de Doucheflux à Anderlecht pour un atelier d’initiation à l’art du conte proposé et animé par Catherine Pierloz et Christine Andrien du théâtre de la parole en amont de l’immense festival et d’une histoire écrite et mise en scène pour l’occasion : « Si l’immensité était contée ». Le but : donner l’occasion aux immenses de raconter avec leurs mots les problématiques auxquelles ils font face.

Leçons particulières – Hélène Grimaud

Il y a quelque chose de sorcier chez les petites filles : cette façon d'être feuille et fleur, ce frémissemnt à la vie. On les sent si proches du secret qu'on les sait complices avec la mort, elles l'invitent dans leur voile de communiantes, leurs dînettes de cérémonie et l'ourlet de leurs robes. Les petites... Lire la Suite →

Atelier d’initiation à l’art du conte (Bruxelles – janvier à mars)

En amont de l'immense festival et d'une histoire écrite et mise en scène pour l'occasion (si l'immensité était contée), nous organisons un atelier d'initiation à l'art du conte. Comment trouver sa parole?Comment sonnent les mots justes?Comment se déploie son imaginaire?Comment toucher au cœur avec un conte?Comment bouleverser les idées établies par une histoire?Voilà le programme auquel... Lire la Suite →

Si l’immensité était contée

L'immensité : Immersion dans une Merde Matérielle Énorme, non sans Impact sur la Trajectoire de l’ÉmancipationMal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde.Albert CamusMal nommer les gens, c’est ajouter à leur malheur sur terre.Le Syndicat des immensesNe pas pouvoir nommer les malheurs du monde, c’est être incapable de les dénoncer.Le Syndicat des immenses Juste avant... Lire la Suite →

Ce qui n’a pas de prix – Annie Le Brun

De ses imprévisibles mouvances ni l’histoire de l’art ni l’histoire des idées ne cherchent à rendre compte, normalement plus occupées par les œuvres que par l’irréalité qui les fomente et les fait trouver forme pour réinventer l’horizon. Pourtant, c’est elle qui se fait ligne de foudre de la Ballade des pendus de Villon aux Caprices… Lire la Suite →

Le Crépuscule celtique – William Butler Yeats

C’était un grand conteur d’histoires et, contrairement à nos romanciers ordinaires, il savait comment vider les Cieux, l’Enfer et le purgatoire, la terre et le pays  des Fées, pour peupler ses histoires. Il ne vivait pas dans un monde étroit, mais n’en connaissait pas moins autant de détails qu’Homère lui-même. Peut-être que, grâce à des… Lire la Suite →

Une enfance américaine – Annie Dillard

Que dire de la joie inexprimable des enfants? C’est, je pense, une sorte de gratitude – la gratitude de la fillette de dix ans qui se rend compte de sa propre énergie  et du défi roboratif que représente le monde. L’enfant croit bien connaître le monde où elle vit et ses coutumes, puis elle s’aperçoit… Lire la Suite →

Le vent dans les saules – Kenneth Grahame

– C’est ici le berceau de la chanson de mon rêve, c’est de ce lieu que la musique a lancé son invite, murmura Mr Rat comme en extase. Nous ne le trouverons nulle part ailleurs que dans ce lieu saint. Une grande frayeur, jointe à un grand respect, s’empara alors de Mr Taupe. Il courba… Lire la Suite →

La faction cannibale – Servando Rocha

« Comme beaucoup d’agitateurs politiques, propagandistes ou démagogues, affirme Paul Virilio, les artistes d’avant-garde savaient depuis longtemps ce que le TERRORISME allait bientôt vulgariser : rien n’est plus facile pour trouver place dans « l’histoire révolutionnaire » que de provoquer une émeute, un attentat à la pudeur, sous des prétextes artistiques. » Virilio se trompe pourtant sur un point… Lire la Suite →

La noix d’or – Cristina Campo

Durant les soirées d’été passées au jardin, le silence prenait sa valeur réelle qui est celle d’accumuler des puissances; et quand mon oncle, souvent très fatigué par les nombreuses interventions chirurgicales qu’il avait pratiquées, tombait dans une légère rêverie que personne n’osait troubler, et que sa belle main, dont l’auriculaire était orné d’un serpent d’or… Lire la Suite →

La Ballade du café triste – Carson McCullers

La route des Forks Falls est à trois miles de la ville. C’est là que travaille le groupe enchaîné des bagnards. La route est goudronnée. Le comté a pris la décision de combler les ornières et de l’élargir à un certain tournant dangereux. Le groupe se compose de douze hommes. Ils portent le costume rayé… Lire la Suite →

Écrits complets – Laure

De la fenêtre présente et invisible je voyais tous mes amis se partageant ma vie en lambeaux ils rongeaient jusqu’aux os et ne voulant pas perdre un si beau morceau se disputaient la carcasse

Le soir – Anna Akhmatova

La chaleur étouffante de l'air -Le soleil a bruni mes bras.Et la haute voûte du ciel -Vitre bleue au-dessus de moi. L'odeur sèche des immortellesSe mêle à mes cheveux défaits.Sur le tronc rugueux du sapinLes fourmis en file vont et viennent. L'eau calme de l'étang miroite,La vie est à nouveau légère...Au creux du hamac, aujourd'hui,Qui reviendra dans... Lire la Suite →

Là où le temps est un autre – Anna Maria Ortese

Pour l’adulte, et pour les peuples très cultivés, le monde entier est le monde de l’évident, du lieu commun. C’est pourquoi l’homme applique ses étiquettes, avec le prix et – le cas échéant – des informations sur la marchandise – partout. Ceci est un champ, ceci est l’océan, ceci est un cheval, voici ma propre… Lire la Suite →

La voie cruelle – Ella Maillart

Cette maîtrise de moi me rapprochait évidemment de la réalité; et depuis mes premiers bourlingages avec marins et nomades, j’étais à la recherche d’une vie « réelle ». Pour l’instant, le seul vague moyen envisagé pour matérialiser ce projet consistait en une chambre blanchie à la chaux dans un village de Pamir où je comptais apprendre à… Lire la Suite →

L’Enchanteur pourrissant – Guillaume Apollinaire

S'étant dévêtue alors la dame s'admira. Elle était comme le jardin d'avril, où poussent par places les toisons de persil et de fenouil, comme la forêt de juin, chevelue et lyrique, comme le verger d'octobre, plein de fruits mûrs, ronds et appétissants, comme la plaine de janvier, blanche et froide. L'enchanteur se taisant, la dame... Lire la Suite →

Diotime et les lions – Henry Bauchau

Tout à coup j’ai su, une danse très lente s’est emparée de moi et elle était comme un chant. Un voile rouge et obscur s’est étendu sur mes yeux, je suis devenue sourde et j’ai été pénétrée par l’odeur du lion et par le goût de son sang sur mes lèvres. Je descendais en dansant… Lire la Suite →

Le Temps scellé – Andreï Tarkovski

Voilà pourquoi je trouve difficile de comprendre de quoi il s'agit, quand des artistes parlent de liberté absolue à propos de la création. Je ne vois pas ce que signifie ce genre de liberté, car je crois, au contraire, qu'en choisissant la voie de la création, ils s'enchaînent à d'innombrables nécessités et se soumettent aux... Lire la Suite →

Le monde sans les mots – Tamura Ryûichi

Les choses lointaines deviennent prochesQuand l'été s'envole en poussant le cri de guerre du silenceIl doit y avoir un truc dangereux à ce degré de transparenceQuand les choses lointaines deviennent prochesLes choses lointaines deviennent invisiblesL’État et la civilisation et le genre humain  Choses prochesChoses lointaines  Et du resteNotre tristesse bien visible  La montagne en automne,... Lire la Suite →

Élément déclencheur

Ils avaient été éduqués à aimer le marasme, à y reconnaître une part essentielle de leur culture. C'était un peuple las, fatigué d'avance par la contemplation d'un ciel étoilé ; il y avait tant à ouvrir en soi pour accéder à l'extase, il valait mieux ne pas lever les yeux. C'était un peuple d'anémiques qui craignaient... Lire la Suite →

Bateleur

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, dans certains contes, certains personnages, souvent les plus jeunes, sont considérés comme un peu idiots, et pourtant ce sont eux qui traversent les épreuves ou permettent toutes sortes de délivrances ? On n’explique pas cela dans les contes. Cela fait partie d’une histoire avant l’histoire. Mais je pense qu’on peut en… Lire la Suite →

Le Charmeur de rats – Marina Tsvetaeva

La musique ? C'est la peste !La musique ! La tempête !C'est un Scythe dans la steppe !C'est la rupture des nerfs ! Du charbon ardent saisiÀ mains nues ! Fléau, pire – plaie ! Plus terrible que des bruits dans l'oreille,Que des rêves, yeux fermés.La musique – c'est des banques la faillite,Les furies en... Lire la Suite →

Pedro Páramo – Juan Rulfo

"Ce village est plein d'échos. Ils semblent avoir été reclus au creux des murs ou sous les pierres. Quand on marche, on a l'impression qu'ils vous emboîtent le pas. On entend des craquements. Des rires. Des rires très anciens, comme lassés de rire. Des voix usées d'avoir trop servi. On entend tout ça. Je crois... Lire la Suite →

Paterson – William Carlos Williams

La descente nous attire                comme nous attira la montée                              La mémoire est une manière     d’accomplissement                une manière de renaissance                              et même      une initiation, puisque les espaces qu’elle révèle sont      de nouveaux territoires                peuplés de hordes                              jadis inaperçues,      d’une autre espèce –                puisque leurs déplacementsont pour buts d’autres buts      (même s’ils furent, en d’autres temps, abandonnés)       Nulle défaite n’est seulement faite de défaite – puisque       le monde qu’elle révèle est… Lire la Suite →

Blanche-Neige – Robert Walser

  Blanche-Neige: Oh, il n'y a plus de péché. Il s'est éteint dans notre cercle, il a fui. Et la pécheresse dont, en loyale enfant, je baise la main, je la prie de commettre bien des péchés aussi aimables. Quoi, Prince? Accumuler la haine? Oubliez-vous votre promesse toute récente, ce serment que vous avez fait... Lire la Suite →

rien

il n’y avait plus rien soudainement roulant sur ce chemin vélo en avant des nuages sur du ciel bleu traces de pluie dans l’air cette impossibilité de véritable aridité été et fin l’enfant derrière silencieux curieusement   il n’y avait plus rien et ce rien me donnait envie furieusement douloureusement de le penser mais rien… Lire la Suite →

De si jolis chevaux – Cormac MacCarthy

Ils longèrent la clôture et prirent à travers les vastes pâturages. Le cuir grinçait dans le froid matinal. Ils lancèrent les chevaux au petit galop. Les lumières disparaissaient derrière eux. Ils arrivèrent sur la haute prairie où ils mirent les chevaux au pas et les étoiles autour d'eux surgirent à foison de l'obscurité. Quelque part... Lire la Suite →

Rodmoor – John Cowper Powys

Pendant plusieurs minutes ensuite, ils s'absorbèrent dans la contemplation de la masse immobile des eaux illuminées. Adrian rompit enfin le silence : - Mon but dans ce livre, dit-il, c'est la révélation que l'essence de la vie est liée à l'instinct de destruction. Je veux démontrer - ce qui est la pure vérité - que... Lire la Suite →

Les jardins statuaires – Jacques Abeille

Comment le mépriserions-nous dès lors, lui qui est à la source de ce qu'il y a de plus obscur et de plus tenace dans notre participation à la communauté que nous formons! Une sorte de gloire terrible dont aucun homme ne voudrait. Car quel homme pourrait affronter sa propre effigie muette soudaine dressée en face... Lire la Suite →

Un balcon en forêt – Julien Gracq

(...) d'où pouvait venir que cette guerre-ci touchât le monde d'une pareille maladie de langueur? De temps en temps une feuille sèche se détachait d'une branche et glissait sans bruit jusqu'à la chaussée, insignifiante dans l'air clair et froid, mais ce qui venait n'était pas le sommeil de l'hiver; on pensait plutôt à ce monde... Lire la Suite →

Rappelez-vous cela, rappelez-vous bien tout – Radovan Ivsic

Quelle boussole secrète détermine le parcours?  "Quelles sont les véritables dimensions de Lautréamont?"Je ne sais pas encore que ce sont les derniers mots qu'André Breton va prononcer.  Car je n'en ai pas fini avec le hasard dans lequel je ne suis pas loin de reconnaître, après Maeterlinck, cette "méditation inachevée" nous conduisant aux "faubourgs de... Lire la Suite →

Un arrière-pays – Paul Willems

J'étais sujet à l'asthme, dont les accès me prenaient d'habitude vers onze heures du soir. Avant d'aller me coucher, mes parents ou ma grand-mère entraient sur la pointe des pieds dans ma chambre et se penchaient sur mon lit, guettant ma respiration.Quand un accès d'asthme montait, je voyais le visage de ma mère et de... Lire la Suite →

Le rose Tiepolo – Roberto Calasso

La vision doit encore arriver. Il y a un arrêt complet - et le mutisme merveilleux du monde.  Tiepolo : la dernière bouffée de bonheur en Europe.. Et, comme tout vrai bonheur, il était plein de côtés obscurs, qui n'étaient pas destinés à disparaître, mais plutôt à prendre le dessus.  Selon Castiglione, le remède au « malheur... Lire la Suite →

Le pur et l’impur – Colette

Pepe était - la mort l'a mis en sûreté - espagnol, de noblesse ancienne, petit, assez gourmé, chaste par timidité et laid agréablement. Il aimait sans remède le bleu, l'or, la couleur vermeille, la beauté masculine, les blonds à qui un métier manuel impose le port de la salopette de toile bleue. Pepe, accoudé vers... Lire la Suite →

Mon théâtre – Pippo Delbono

Le naturalisme tue la relation avec le public. Chaque élément, dans un spectacle, est comme une note et chaque acteur est un instrument, comme dans une partition musicale : il y a le sax, le piano, la guitare, la batterie, chacun est seul, mais avec les autres. Chacun a son parcours…et l'écoute se situe à... Lire la Suite →

Fin du Vaste

‘Plus Oultre’ Que meure la devise! Au-delà de l’Hindus. Au-delà de l’Orénoque. Au-delà du Cap de Bonne-Espérance. La Horde du Contrevent y est allée. N’a trouvé ni épices. Ni or. Ni myrrhe. Seul un relent de vieille cuisine où végètent des instincts de survie. Il y eût Aguirre. L’ambre et l’ivoire. Le Far West. Puis… Lire la Suite →

Seiobo est descendue sur terre – Laszlo Krasznahorkai

(...) car jusqu'ici, jusqu'à l'apparition des bûcherons, il leur était tout simplement impossible de prendre le Misoma-Hajime-sai au sérieux, même si cette pensée semblait blasphématoire, ils pensaient, et se dirent à voix basse que l'absence de sacré, autrement dit le sacrilège officiait sur cette scène, où rien n'était authentique, ni crédible, chacun des gestes du... Lire la Suite →

Miroir, ô

« Elle avait demandé – et seule la sidération que sa mort avait provoqué chez le roi peut expliquer que cela lui ait été accordé – que son corps soit livré aux vautours car elle était obnubilée par la blancheur et dans son dernier délire de mourante, après avoir béni sa fille, c’était les seuls mots… Lire la Suite →

Le Grand Rivage – Kenneth White

assuré que la visée vitale de l'art c'est de jeter à la ronde images témoignages preuves d'une puissance de synthèse accordée à la vie et qui préserve la vie contre la solitude le morcellement les agressions froides de l'espace et du temps ........... car toujours revient la question comment dans la mouvance des choses choisir... Lire la Suite →

Les oiseaux – Tarjei Vesaas

C'est alors qu'arriva le grand événement.Tandis qu'il réfléchissait, voyant Hege s'en aller, il s'assit à sa place habituelle sur l'escalier de la maisonnette et regarda par-dessus le lac, vers les crêtes à l'ouest. L'eau était noire maintenant, et les crêtes s'assombrissaient. Un doux crépuscule d'été, dans le ciel et sur la terre. Mattis n'était pas... Lire la Suite →

L’homme qui meurt – James Baldwin

Ils se voyaient comme d'autres les avaient vus. Ils avaient été formés par les images fabriquées par ceux qui avaient le plus profondément éprouvé le besoin de les mépriser. L'usage extraordinairement méprisant qui avait été fait d'eux par les autres était le commencement de leur histoire, la clé de leur vie et la pierre angulaire... Lire la Suite →

Tea Time

Où l'on précise sa position par le biais d'une tierce personne, absente Kenneth White enfourna une poignée d'amandes dans sa bouche et n'attendit pas d'avoir fini de mâcher pour se lancer dans son commentaire après que le dernier intervenant eût terminé sa longue tirade passablement confuse à propos de l'infidélité à ses amis dont Philippe... Lire la Suite →

Sous les mots écrits

Il y a des mots qui ne veulent rien dire, quand ils sont regardés de haut. Quand tu les regardes du fil d’où tu sais que tu vas tomber et venir t’écraser en terre, directement sous terre et y rester, quand tu regardes ces mots-là écrits pour l’éternité tu penses que rien n’a de sens…. Lire la Suite →

Sur Anne Akhmatova – Nadejda Mandelstam

Anna Akhmatova – novembre 1961, à l’hôpital, Nous sommes quatre… … et j’ai renoncé ici à toute chose,Renoncé à tous les biens terrestres.L’esprit, le gardien de ces lieux,N’est qu’une branche de bois mort. Dans cette vie nous sommes tous en visite,Vivre, c’est juste une habitude,Je crois entendre dans l’espace aérienDeux voix qui s’interpellent. Deux ?… Lire la Suite →

Walter Benjamin 1892-1940 – par Hannah Arendt

Ce que toutes les autres villes ne semblent accorder qu’à contre-cœur aux déchets de la société – trainer, flâner – c’est précisément ce que les rues de Paris demandent à tout un chacun. C’est pourquoi, dès le Second Empire, la ville est devenue le paradis de tous ceux qui ne ressentent pas le besoin de… Lire la Suite →

ça grésille sous le néon

Il y a du fifre dans les moulins. Ils se bloquent. Et le feu reprend. Clairières laissées à vif. Clairières laissées mortes faute de sous-bois. La confusion se répand dans les espaces gérés. Le vide propulse son propre chaos invisible à l’œil nu. Un désordre sournois s’insinue sur l’air du rien. Les zones sans contrastes… Lire la Suite →

La personne et le sacré – Simone Weil

Il y a depuis la petite enfance jusqu’à la tombe, au fond du cœur de tout être humain, quelque chose qui, malgré toute l’expérience des crimes commis, soufferts et observés, s’attend invinciblement à ce qu’on lui fasse du bien et non du mal. C’est cela avant toute chose qui est sacré en tout être humain…. Lire la Suite →

Vernon Subutex – Virginie Despentes

"La scène", c'était tout ce qui comptait. Et on avait raison. La semaine on collait des affiches, le week-end on jouait quelque part, il y avait assez de monde pour qu'on n'ait pas l'impression de répéter, on pressait nos disques, on ne se déclarait nulle part, il n'y avait pas d'intermittence, il n'a avait pas... Lire la Suite →

Louves – Francesca-Yvonne Caroutch

  Le loup dit : « Qu’est-ce que mille ans de solitude, face à l’ultime point d’or d’une tradition qui ne cesse de scintiller depuis la nuit des temps? » Astre errant révèle sa science noire comme la terre-mère nous aide à décoder les éboulis les runes des écorces sacrées ce que les loups ont appris au… Lire la Suite →

Le temps des assassins – Henry Miller

Je pense que la tâche de l’avenir sera d’explorer le domaine du mal pour ne plus y laisser le moindre soupçon de mystère (…). Nous ne pouvons plus résister au mal, nous devons l’accepter. Nous ne pouvons jamais rien expliquer que par énigmes. Le siège d’un renouveau est dans le cœur et c’est là que… Lire la Suite →

Ce qui advint de nous

Retour sur les bergamotes sauvages. On ira au bois de jouvence. Les astres ont des fleurs rouges à la boutonnière. S’amorcent bien des choses dont nous ne savons encore rien. Des recueils et des trous à rats pour les berges enfantines. Des drapeaux en robes d’épousailles. Du charbon pour remplir les poches. Nous irons de… Lire la Suite →

Rire entre les dents

Le temps passe plus lentement.On attend.Les impressions se distendent, entre aube et cris d’hirondelles.Le crocodile attend sous le lit.On se travaille la peau.Les cercles délimitent initiés et pâles envies.Les vases ont des fleurs roses, vieilles.Le suranné offre sa tournée.Les odeurs sont classifiées en flacons de verre poli.On se tait jusqu’à l’oubli.Les diversions divaguent.Le crocodile veille.Le… Lire la Suite →

Amertumes dans le sillage de Sylvia Plath

Que d’étranges amertumes sur les eaux glacées du Gange ! Elles attendent le merci. Mais les bouches des morts sont cramoisies et s’enflamment. Autour des bûchers errent des flamands roses en quête d’un cœur rôti. Ils se contenteront de cendre d’os. Tous repartent incomblés et âpres. Les fronts se buttent sous les cornes. Ils cherchent encore… Lire la Suite →

Vents – Saint-John Perse

… C’étaient de très grands vents sur la terre des hommes – de très grands vents à l’œuvre parmi nous, Qui nous chantaient l’horreur de vivre, et nous chantaient l’honneur de vivre, ah! nous chantaient et nous chantaient au plus haut faîte du péril, Et sur les flûtes sauvages du malheur nous conduisaient, hommes nouveaux,… Lire la Suite →

Nouveaux contes d’hiver – Karen Blixen

 – Madame, dit-il, je vous ai raconté une histoire. On a raconté des histoires depuis que le langage existe et sans histoires, l’espèce humaine aurait péri comme elle aurait péri sans eau. On voit les personnages d’une histoire comme s’ils étaient lumineux et situés sur un plan supérieur, en même temps ils peuvent ne plus… Lire la Suite →

Les ennemis sont aux portes

Pleurs au bord d’un rivage. Les ennemis sont aux portes. La famille repart et emmène l’enfance. Tristesse dans les sous-bois. Tristesse aux abois. Les chants tibétains massent l’âme recroquevillée dans son utérus. Elle m’emmène où, elle? Dans sa nuit sans mots. Vit-elle dans un repli de ma maison? Une enfant cachée dans la cave reliée… Lire la Suite →

Les Derniers Jours de l’humanité – Karl Kraus

L’humour n’est que le reproche à soi-même de quelqu’un qui n’est pas devenu fou à la pensée d’avoir gardé le cerveau intact en témoignant de cette époque. Seul lui, qui livre à la postérité la honte de sa participation, a droit à cet humour. Quant à ses contemporains, qui ont toléré qu’adviennent les choses décrites… Lire la Suite →

Qui?

Qui ? Là où le sel, tassé jusqu’aux lignes, ronge le ciel, Craint de trébucher sur une vertèbre d’ego ? Qui ? Là où le sel, berceau pour les os, assèche les confusions moites, Soupçonne des mirages baroques crachés par une bouche d’ego ? Qui ? Là où le sel, trace de roches évaporées, abreuve des vautours gorgés de chairs,… Lire la Suite →

Cassandre

Qui se souvient de Cassandre ? La prophétesse. La maudite. Celle qui entendait avant les autres les cris de la guerre. A l’heure où ne soufflait sur la plaine qu’un vent épais et silencieux. A l’heure où les villes n’existaient pas. A l’heure où il n’y avait que du sable. De la pierre. Et des Dieux…. Lire la Suite →

Adresse à Hécube

Vous avez les chairs rampantes, chère mère. On dirait que vous n’en aurez jamais fini d’englober tout ce que vous considérez comme vôtre. Je sens la peau flasque de votre ventre qui frémit chaque fois qu’un de vos innombrables enfants s’approche de vous. Il crie, votre ventre, croyez-moi je l’entends : « Tu es à moi, reviens-moi ! »…. Lire la Suite →

Géant rouge du Rhin

« T’as du sang sur les mains, fillette. T’as du sang dans les reins. Tu croiseras le chemin, fillette, Du géant rouge du Rhin. » Je leur ai jamais dit, ce que je cherchais dans la nuit. Une grande peur, à me dévorer cuite et crue. Une grande peur à me dépaupiériser. Une peur comme un tronçon… Lire la Suite →

Nos grands-mères aux doigts de sorcière

A quoi reste-t-on fidèle ? Y a-t-il un lien de loyauté qui se déploie comme un fil rouge de notre conception à notre mort ? Quel est le pacte initial ? Qu’avons-nous promis au moment où se formait tout ce que nous allions devenir ? Le souvenir de ma grand-mère veille sur moi.  Elle aiguise ses ongles. Elle me… Lire la Suite →

Conter, un art? – Michel Hindenoch

Ce qui se dégage du conteur… une lumière forte et fragile à la fois, une puissance que nous ressentons mais dont nous n’avons pas les clés. A quoi cela tient-il? Une curieuse lumière qui nous traverse et fait tomber les murailles, une puissance qui semble nous être accordée comme une grâce. Par qui? Par quoi?… Lire la Suite →

Ma grand-mère avait des doigts de sorcière

Évocation d'une grand-mère, effrayante et bienfaisante, grand-mère nourricière à qui l'on devait désobéissance pour passer le cap de l'enfance. Au début, il y a l'enfance.Au bout de l'enfance, la maison de la grand-mère.Dans l'ombre de la grand-mère, les portes interdites.Derrière les portes closes, les fascinants vols d'oies sauvages. Catherine Pierloz se joue de ses souvenirs d'enfance. Elle... Lire la Suite →

Os & Racines

Os & Racines, c’est la besace à histoires de dessous mon crâne. De l’os et de la racine, voilà d’où jaillit la sève. Os & Racines, ce sont des histoires qui suivent le fil de mon interrogation majeure : « Et si on trouvait, dans le labyrinthe de notre squelette, la trace de l’animal qu’on a été… Lire la Suite →

par Anders Noren.

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